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DOMAINE INDUSTRIEL

“L'enthousiasme est à la base
de tout progrès.”
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Henry Ford - Industriel

    Après le Fordisme, le Taylorisme et le Toyotisme, l’ère industriel verra-t’elle apparaître le Caméléonisme ? La robotisation demandant des outils de plus en plus précis, les atouts du caméléon décrits ci-dessous s’inscrivent naturellement dans ce domaine d’application.

 

 

 

 

Un animal à poigne

  La majorité des caméléons vivent dans un milieu arborescent, ils possèdent ainsi une physionomie leur permettant d’évoluer facilement dans ce milieu. Le caméléon dispose comme les humains de cinq doigts par main, le nombre d’os du tarse et du métatarse est cependant moins important afin de faciliter la prise autour des branches. Les doigts sont regroupés par groupe, on trouve ainsi trois doigts du coté interne et deux du coté externe qui sont en partis soudé entre eux par la peau et se séparent avant les griffes.

    Les extrémités des membres du caméléon sont semblables à des pinces qui permettent d’enserrer les branches avec aisance car cela garantie une parfaite adhérence au support. Le caméléon est un reptile dont le corps est allongé verticalement, cela permet de placer sont centre de gravité très près des branches et d’éviter les déséquilibre sur les cotés. Il est doté de pattes souples et puissantes avec des articulations très mobiles.

Doigts et griffes opposés des pattes du caméléon

Déplacement lent et saccadé propre au caméléon 

Ce système de préhension est le modèle de référence produit dans la robotique en raison de sa fiabilité et de sa simplicité de mise en oeuvre.

(Gauche) Image Main robotisée à trois doigts créée par ROBOTIQ

(Droite) Vidéo de démonstration de l'efficacité du mécanisme

   La queue du caméléon est également un organe important pour son équilibre et son déplacement. Lorsqu’il est en mouvement au sol, elle se tient en demi spirale incurvée en “S” puis au repos elle s’enroule sur elle même. Elle constitue à part entière un membre de préhension de la même manière que certains singes comme l’atèle.

 

     Constituées de 22 os et 12 muscles, c'est un avantage indéniable pour la stabilité du caméléon car il l’enroule généralement autour de la branche sur laquelle il séjourne. Il peut alors résister plus facilement aux oscillations du vent et ainsi “s’ancrer” sans vaciller. C’est d’ailleurs exactement cette méthode qui est toujours utilisée pour l’amarrage des navires, enroulant une écoute autour d’une pièce fixe.

 

   Toutefois, si le caméléon est attaqué il peut alors réaliser une autotomie, c’est à dire se séparer de sa queue. Une fois la césure effectuée, celle-ci ne peux plus repousser et le caméléon reste mutilé.

Vue sagitalle d'un squelette de caméléon.

    Les caméléons, comme tous les reptiles, ont à la surface de leur corps des écailles qui sont des épaississements kératineux, celles-ci, chez le caméléon sont transparentes. Elles peuvent être toutes identiques, hétérogènes, rugueuses ou bien encore veloutées. Elles ont des formes variées suivant leur position sur le corps et selon les espèces. Ainsi on peut distinguer la forme standard, conique, tuberculaire, lenticulaire, d'assiette et de croissant. Les écailles standards couvrent la plus grande partie du corps de l'animal, elles sont principalement rondes.

La langue protractile

   Le caméléon est une créature fascinante. Il peut bouger ses yeux indépendamment  et changer de couleur selon son humeur ou son environnement . Mais une de ces caractéristiques spéciales est sa technique de chasse. Il utilise sa langue pour attraper ses proies. Elle est composée de muscles propulseurs et rétracteurs pour permettre de déplier et rétracter la langue avec une très grande précision, nous verrons plus tard que cette précision est due à sa vision qui lui permet d’évaluer exactement la distance qui le sépare de sa proie.

   Sa langue est un mécanisme complexe, elle se replie autour d’une tige osseuse, l’apophyse entoglossale (n°2), tandis que l’extrémité de la langue, qui est appelée massue (n°3), se replie vers l’arrière par-dessus la tige osseuse sans se rétracter autour. Quatre petits os hyoïdes (n°4) permettent aux puissants muscles de la langue de rester accrochés. Ces muscles ont un rôle de propulsion et de protraction de l’apophyse entoglossale. De plus, la base de la tige osseuse est constituée de collagène qui permet à la langue d’être élastique. La massue est également recouverte d’une couche de salive et de mucosités visqueuses qui permettent à la proie de rester collée à la massue.

Sa langue agit donc comme un ressort, mais qu’elles sont les étapes de la capture de l’animal ?

La chasse est dissociée en plusieurs phases :

  • La première phase est dite d’ « enregistrement », elle consiste à identifier, par au moins un oeil, une proie comme comestible.

  • Vient ensuite la seconde phase, de « localisation ». Le caméléon oriente sa tête de manière à fixer la proie à l’aide de ses deux yeux. Il détermine alors la distance qui le sépare de sa nourriture et la localise précisément. Dans certains cas, il se déplace lentement d’arrière en avant, imitant une feuille sous la brise, court rapidement en avant pour raccourcir la distance, ou oriente simplement son corps.

  • Durant la troisième phase, dite de « protrusion », le caméléon entrouvre la gueule, agite légèrement sa langue vers l’avant. Cette étape peut durer plusieurs secondes voire plusieurs minutes lorsque la proie est de grande taille ou de nature inhabituelle et peut être interrompue plusieurs fois.

  • La quatrième phase est la phase de « projection ». La langue est projetée en avant, comme une catapulte, grâce à la contraction du muscle accélérateur d’une part et au mouvement en arrière de l’appareil hyolingual d'autre part. A une distance d’environ vingt centimètres, la projection et la saisie de la proie durent à peine vingt millisecondes. L’accélération maximale a été évaluée à près de 21 kilomètres par heure. La proie est collée à la langue grâce au mucus sécrété par des glandes situées sur les cotés de la langue afin d’augmenter la viscosité et le pouvoir collant. Puis il y a un effet ventouse, la pointe de la langue se rétracte en son milieu pour laisser les côtés se rabattre sur la proie. Une fois lancée, l’animal ne peut plus contrôlé la vitesse, il ne peut que contrôler la longueur de sa langue, il doit donc viser avec soin et pendant la phase de rétraction, le caméléon ferme habituellement les yeux pour éviter d’être blessé. Il ne lui reste plus qu’à engloutir sa proie d’un coup, sans mâcher.

Slow-motion (vidéo ralenti) de la langue du caméléon.

    Mais revenons sur son fonctionnement lors de la saisie de la proie, sa langue possède des micro-crochets et une substance visqueuse pour mieux l’attraper, mais elle utilise aussi le système de ventouse. Elle se rétracte en son centre pour épouser la forme de l’insecte. L’étude de ce système a permis à des ingénieurs de créer de nouveaux systèmes de préhension industrielle.

 

    Les ingénieurs faisant partie du groupe Festo AG & Co : Nadine Kärcher, Marinus Matthias Moerdijk et Sebastian Schrof ainsi que la participation d’autres groupes, sont à l’origine de beaucoup de systèmes industriels révolutionnaires. Ils les développent uniquement en s’inspirant du biomimétisme. Il y a un nombre important de différents systèmes de préhensions industrielles aujourd’hui et chacun d’entre eux ont été développés pour répondre à une demande précise. Si la forme de la pièce industrielle change, le système du robot doit être remplacé ou le robot entier converti. Les ingénieurs ont alors cherché un système de préhension ne nécessitant pas d’être remplacé ou changer pour différentes tâches. Ils ont alors trouvé se qu’ils recherchaient dans la langue du caméléon. Le « FlexShapeGripper » est capable d'attraper toutes sortent de matériaux d’où son nom (flexible-forme-agrippe). Comme le caméléon, la préhension est possible grâce à deux facteurs. Le premier est la texture de l’appareil, un matériau collant constitué de silicone permettant d’être flexible pour agripper l’objet et le deuxième est la pression.

 

Utilisation du FlexShapeGripper sur tout les types de matériaux.

    La préhension  est rendue possible grâce à la double action d’un piston, qui est constitué de plusieurs chambres. La première, située tout au dessus, est remplie avec de l’air comprimé et la deuxième est constamment rempli d’eau. Cette deuxième chambre est composée de silicone élastique moulant comme la langue du caméléon. Le volume des deux chambres est calculé pour que la déformation de la partie silicone soit compensée. Le piston, qui sépare les deux chambres, est relier à une fine tige accrochée au milieu de l’embout de silicone. Lors de la saisie, un système guide la pince sur l’objet à saisir jusqu'à ce que l’embout de silicone le touche. La chambre, située au-dessus, est ventilée pour faire baisser la pression et ainsi faire déplacer le piston vers le haut à l’aide d’un ressort. La chambre de silicone remplie d’eau  se tire ainsi vers l’intérieur. Ainsi l’embout de silicone se referme sur l’objet à saisir.

 

   La matière élastique de l’embout permet une adaptation précise à une large gamme de formes géométriques. De plus si l’objet est plat et uniforme, lorsque la partie en silicone rentre vers l’intérieur elle agit comme une seringue et aspire l’objet. C’est pourquoi le FlexShapeGripper marche aussi bien sur un trousseau de clé que sur l’écran d’un téléphone. Lorsque l’objet est saisi, aucune énergie n’est requise. Pour le relâcher, un mécanisme d’air comprimé fait rentrer de l’air dans la chambre haute pour faire augmenter la pression et ainsi baisser le piston. Une soupape très précise permet de réguler cette pression.

 

Ainsi, la langue du caméléon est source de beaucoup d’inspiration. Mais le système de “catapultage” de la langue ne peut-il pas être lui aussi une source d’inspiration ?  

 

Le domaine civil

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